Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/294

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Paul prit Gontran par les épaules et lui murmura dans l’oreille :

— Viens causer cinq minutes avec ta sœur et avec moi.

Et ils montèrent dans le petit salon communiquant avec les chambres d’Andermatt et de sa femme. Dès qu’ils furent assis :

— Écoute, dit Christiane, M. Paul et moi nous voulons te faire de la morale.

— De la morale !… Mais à propos de quoi ? Je suis sage comme une image, faute d’occasions.

— Ne plaisante pas. Tu fais une chose très imprudente et très dangereuse sans y penser. Tu compromets cette petite.

Il parut fort étonné.

— Qui ça ?… Charlotte ?

— Oui, Charlotte !

— Je compromets Charlotte ?… Moi ?

— Oui, tu la compromets. Tout le monde en parle ici, et tantôt encore, dans le parc de Royat, vous avez été bien… bien… légers. N’est-ce pas Brétigny ?

Paul répondit :

— Oui, madame, je partage tout à fait votre sentiment.

Gontran tourna sa chaise, l’enfourcha comme un cheval, prit un nouveau cigare, l’alluma, puis se mit à rire.