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MONT-ORIOL.

— Tu trouves ?

— Oui, je trouve… et j’ai raison de le trouver ainsi.

— Bah ! te voici devenu bien scrupuleux au sujet des lâchages.

— Eh, mon cher, il ne s’agit pas d’une gueuse ici, mais d’une jeune fille.

— Je le sais bien, aussi n’ai-je pas couché avec elle. La différence est très marquée.

Ils s’étaient remis à marcher, côte à côte. L’allure de Contran exaspérait Paul qui reprit :

— Si je n’étais pas ton ami, je te dirais des choses très dures.

— Et moi je ne te les laisserais pas dire.

— Voyons, écoute, mon cher, cette enfant me fait pitié. Elle pleurait tantôt.

— Bah ! elle pleurait ? Tiens, came flatte !

— Voyons, ne plaisante pas. Que comptes-tu faire ?

— Moi ? Rien.

— Voyons, tu t’es avancé avec elle jusqu’à la compromettre. Tu nous disais l’autre jour à ta sœur et à moi que tu pensais à l’épouser…

Gontran s’arrêta, et avec un ton railleur où perçait une menace :

— Ma sœur et toi feriez mieux de ne pas vous occuper des amourettes des autres. Je