Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/58

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d’un chien. Elle pensait qu’il devait être, en effet, bien violent et passionné, cet homme, pour s’exposer ainsi sans raison, dès qu’une femme inconnue exprimait un désir.

On voyait, sur la route, des gens courir vers le village. Le marquis, à son tour, se demandait : « Qu’est-ce qu’ils ont ? » Et Andermatt, n’y tenant plus, se mit à descendre la côte.

Gontran, d’en bas, leur fit signe de venir.

Paul Brétigny demanda :

— Voulez-vous mon bras, madame ?

Elle prit ce bras qu’elle sentait aussi résistant que du fer ; et comme son pied glissait sur l’herbe chaude, elle s’appuyait dessus ainsi qu’elle aurait fait sur une rampe avec une confiance absolue.

Gontran, venu à leur rencontre, criait :

— C’est une source. L’explosion a fait jaillir une source !

Et ils entrèrent dans la foule. Alors les deux jeunes gens, Paul et Gontran, passant devant, écartèrent les curieux en les bousculant, et sans s’inquiéter des grognements, ouvrirent une route à Christiane et à son père.

Ils marchaient dans un chaos de pierres aiguës, cassées, noires de poudre ; et ils arrivèrent devant un trou plein d’eau boueuse qui bouillonnait et s’écoulait vers la rivière,