Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/117

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les ronces et les branches des bois, faire tout facile et délicieux autour d’elle, et la porter toujours pour qu’elle ne marchât jamais. Et il s’irritait qu’elle dût causer avec ses voisins d’hôtel, manger les médiocres nourritures de la table d’hôte, subir toutes les petites choses désagréables et inévitables de l’existence.

Il ne savait que lui dire, tant il avait de pensées pour elle ; et son impuissance à exprimer l’état de son cœur, à rien accomplir de ce qu’il aurait voulu faire, à lui témoigner l’impérieux besoin de se dévouer qui lui brûlait les veines, lui donnait des aspects de bête féroce enchaînée et, en même temps, d’étranges envies de sangloter.

Elle voyait tout cela sans le comprendre complètement, et s’en amusait avec la joie maligne des coquettes.

Lorsqu’ils étaient restés derrière les autres et qu’elle sentait, à son allure, qu’il allait enfin dire quelque chose d’inquiétant, elle se mettait brusquement à courir pour rattraper son père, et, l’ayant rejoint, elle criait : « Si nous faisions une partie de quatre coins. »

Les parties de quatre coins servaient en général de terme aux excursions. On cherchait une clairière, un bout de route plus large, et on jouait, comme des gamins en promenade.

Les petites Oriol et Gontran lui-même prenaient un grand plaisir à cet amusement qui satisfaisait l’incessante envie de courir que portent en eux tous