Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/159

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pas une heure à perdre. A ce propos, je vous préviens que vous faites partie de mon conseil d’administration où j’ai besoin d’une forte majorité. Je vous donne dix actions. A vous aussi, Gontran, je donne dix actions.

Gontran se mit à rire :

— Merci bien, mon cher. Je vous les revends. Cela fait cinq mille francs que vous me devez.

Mais Andermatt ne plaisantait plus devant des affaires aussi graves. Il reprit sèchement :

— Si vous n’êtes pas sérieux, je m’adresserai à un autre.

Gontran cessa de rire :

— Non, non, mon bon, vous savez que je vous suis tout acquis.

Le banquier se tourna vers Paul :

— Mon cher Monsieur, voulez-vous me rendre un service d’ami, c’est d’accepter aussi une dizaine d’actions avec le titre d’administrateur ?

Paul, s’inclinant, répondit :

— Vous me permettrez, Monsieur, de ne pas accepter cette offre si gracieuse, mais de mettre cent mille francs dans l’affaire que je considère comme superbe. C’est donc moi qui vous demande une faveur.

William, ravi, lui saisit les mains, cette confiance l’avait conquis. Il éprouvait toujours, d’ailleurs, une envie irrésistible d’embrasser les gens qui lui apportaient de l’argent pour ses entreprises.

Mais Christiane rougissait jusqu’aux tempes,