Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/253

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— Qui est là ?

— C’est moi, Gontran.

— Attendez, j’ouvre.

Andermatt apparut en chemise de nuit, la face bouffie, le poil du menton hérissé, la tête enveloppée d’un foulard. Puis, il se remit dans son lit, s’assit, et les mains étendues sur le drap :

— Eh bien, mon cher, ça ne va pas. Voici la situation. J’ai sondé ce vieux renard d’Oriol, sans parler de vous, en disant qu’un de mes amis — j’ai peut-être laissé comprendre qu’il s’agissait de Paul Brétigny — pourrait convenir à une de ses filles, et j’ai demandé quelle dot il leur donnait. Il m’a répondu en demandant à son tour quelle était la fortune du jeune homme ; et j’ai fixé trois cent mille francs, avec des espérances.

— Mais je n’ai rien, murmura Gontran.

— Je vous les prête, mon cher. Si nous faisons ensemble cette affaire-là, vos terrains me donneront assez pour me rembourser.

Gontran ricana :

— Fort bien. J’aurai la femme et vous l’argent.

Mais Andermatt se fâcha tout à fait :

— Si je m’occupe de vous pour que vous m’insultiez, c’est fini, brisons là…

Gontran s’excusa :

— Ne vous fâchez pas, mon cher, et pardonnez-moi. Je sais que vous êtes un fort honnête homme, d’une irréprochable loyauté en affaires. Je ne vous demanderais pas un pourboire si j’étais votre co-