Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/257

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abominable des marchands, des domestiques, des cochers. Je proteste contre l’improbité commerciale de toute votre race qui nous méprise. Je donne le pourboire que je dois donner relatif au service rendu, et non le pourboire de fantaisie que vous jetez, sans savoir pourquoi, et qui va de cinq sous à cent sous, selon le caprice de votre humeur ! Comprenez-vous ?

Gontran s’était levé, et, souriant avec cette ironie fine qui allait bien sur sa lèvre :

— Oui, mon cher, je comprends, et vous avez tout à fait raison, d’autant plus raison que mon grand-père, le vieux marquis de Ravenel, n’a presque rien laissé à mon pauvre père, par suite de la mauvaise habitude qu’il avait de ne jamais ramasser la monnaie rendue par les marchands quand il payait un objet quelconque. Il trouvait cela indigne d’un gentilhomme, et donnait toujours la somme ronde et la pièce entière.

Et Gontran sortit d’un air très content.