— Oui, je veux bien.
— Allons.
Ils se levèrent et partirent tout doucement, par la grand’route ; puis, ayant traversé La Roche-Pradière, ils tournèrent à gauche et descendirent dans le vallon boisé à travers les buissons emmêlés. Quand ils eurent passé la petite rivière, ils s’assirent au bord du sentier, pour attendre.
Les trois femmes arrivèrent bientôt, à la file, Louise en avant et MmeHonorat derrière. On eut l’air surpris, de part et d’autre, de se rencontrer.
Gontran s’écriait :
— Tiens, quelle bonne idée vous avez eue de venir par ici !
La femme du médecin répondit :
— Voilà, c’est moi qui l’ai eue, cette idée-là !
Et on continua la promenade.
Louise et Gontran hâtaient le pas peu à peu, prenaient de l’avance, s’écartaient tellement qu’on les perdait de vue aux détours de l’étroit chemin.
La grosse dame qui soufflait murmura en leur jetant un coup d’œil indulgent :
— Bah ! c’est jeune, ça a des jambes. Moi, je ne peux pas les suivre.
Charlotte s’écria :
— Attendez, je vais les rappeler.
Elle s’élançait. La femme du médecin la retint :
— Ne les gêne pas, ma petite, s’ils veulent causer ! Ça n’est pas aimable de les déranger, ils reviendront bien tout seuls.