Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/322

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— Mon cher, tu te mêles de choses délicates… et… à moins que tu n’aimes Charlotte… ?

— Non… je ne l’aime pas… mais je fais la chasse aux rastaquouères, voilà…

— Puis-je te demander ce que tu comptes faire ?

— Gifler ce gueux.

— Bon, le meilleur moyen de le faire aimer d’elle. Vous vous battrez, et soit qu’il te blesse, soit que tu le blesses, il deviendra pour elle un héros.

— Alors que ferais-tu ?

— A ta place ?

— A ma place.

— Je parlerais à la petite, en ami. Elle a grande confiance en toi. Eh bien, je lui dirais simplement, en quelques mots, ce que sont ces écumeurs de société. Tu sais très bien dire ces choses-là. Tu as de la flamme. Et je lui ferais comprendre : 1º pourquoi il s’est attaché à l’Espagnole ; 2º pourquoi il a essayé le siège de la fille du professeur Cloche ; 3º pourquoi, n’ayant pas réussi dans cette tentative, il s’efforce, en dernier lieu, de conquérir Mlle Charlotte Oriol.

— Pourquoi ne fais-tu pas cela, toi, qui seras son beau-frère ?

— Parce que… parce que… à cause de ce qui s’est passé entre nous… voyons… je ne peux pas.

— C’est juste. Je vais lui parler.

— Veux-tu que je te ménage un tête-à-tête tout de suite ?

— Mais oui, parbleu.