Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/339

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et Gontran qui allèrent chercher du vinaigre, de l’éther, de la glace, vingt choses diverses et inutiles.

Soudain la jeune femme fit un mouvement, rouvrit les yeux, leva les bras et poussa un cri déchirant en se tordant dans son lit. Elle essayait de parler, balbutiait : « Oh ! que je souffre… mon Dieu… que je souffre… dans les reins… on me déchire… oh ! mon Dieu… » Et elle recommençait à crier.

On dut reconnaître bientôt les symptômes d’un accouchement.

Alors, Andermatt s’élança pour chercher le docteur Latonne et le trouva achevant son repas :

— Venez vite… ma femme a un accident… vite…

Puis il eut une ruse et raconta comment le docteur Black s’était trouvé dans l’hôtel au moment des premières douleurs.

Le docteur Black lui-même confirma ce mensonge à son confrère :

— Je venais d’entrer chez la princesse quand on m’a prévenu que Mme Andermatt se trouvait mal. Je suis accouru. Il était temps !

Mais William, très ému, le cœur battant, l’âme troublée, fut pris de doutes tout à coup sur la valeur des deux hommes, et il sortit de nouveau, nu-tête, pour courir chez le professeur Mas-Roussel et le supplier de venir. Le professeur y consentit aussitôt, boutonna sa redingote d’un geste machinal de médecin qui part pour ses visites, et se mit en