Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/366

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laient savoir. Le premier croyait, le second doutait. Derrière eux on vit, avec stupeur, entrer le docteur Bonnefille, qui vint saluer son rival et tendit la main à Andermatt. Le docteur Black fut le dernier venu.

— Eh bien, Messieurs et Mesdemoiselles, dit le docteur Latonne en s’inclinant vers Louise et Charlotte Oriol, vous allez assister à une chose fort curieuse. Constatez d’abord qu’avant la séance ce brave homme marche un peu, mais très peu. Pouvez-vous aller sans vos bâtons, père Clovis ?

— Oh non ! Môchieu.

— Bon, nous commençons.

On hissa le vieux sur le fauteuil, on lui sangla les jambes aux pieds mobiles du siège, puis, quand M. l’inspecteur commanda : « Allez doucement », le grand garçon de service, aux bras nus, tourna la manivelle ;

On vit alors le genou droit du vagabond s’élever, s’étendre, se plier, s’allonger de nouveau, puis le genou gauche en fit autant, et le père Clovis, pris d’une joie subite, se mit à rire en répétant avec sa tête et sa longue barbe blanche tous les mouvements auxquels on forçait ses jambes.

Les quatre médecins et Andermatt, penchés sur lui, l’examinaient avec une gravité d’augures, tandis que Colosse échangeait des coups d’œil malins avec le vieux.

Comme on avait laissé les portes ouvertes, d’autres personnes entraient sans cesse, se pressaient