Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/370

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Une domestique vint ouvrir, le fit entrer. Et, dès la porte du salon, il aperçut, au fond de la seconde chambre, Christiane qui le regardait, étendue sur sa chaise longue.

Ces deux pièces à traverser lui parurent interminables. Il se sentait chanceler, il avait peur de heurter des sièges et il n’osait pas regarder à ses pieds pour ne point baisser les yeux. Elle ne fit pas un geste, elle ne dit pas un mot, elle attendait qu’il fût près d’elle. Sa main droite restait allongée sur sa robe et sa main gauche appuyée sur le bord du berceau tout enveloppé de ses rideaux.

Quand il fut à trois pas il s’arrêta, ne sachant ce qu’il devait faire. La femme de chambre avait refermé la porte derrière lui. Ils étaient seuls.

Alors il eut envie de tomber à genoux et de demander pardon. Mais elle souleva avec lenteur sa main posée sur sa robe et, la lui tendant un peu : « Bonjour », dit-elle d’une voix grave.

Il n’osait toucher ses doigts, qu’il effleura cependant de ses lèvres, en s’inclinant. Elle reprit :

— Asseyez-vous.

Et il s’assit sur une chaise basse, près de ses pieds.

Il sentait qu’il devait parler, mais il ne trouvait pas un mot, pas une idée, et il n’osait plus même la regarder. Il finit pourtant par balbutier :

— Votre mari avait oublié de me dire que vous m’attendiez, sans quoi je serais venu plus tôt.

Elle répondit :