Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/61

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pour l’homme que le vin. Tous les buveurs d’eau vivent cent ans, tandis que nous…

Gontran reprit en riant :

— Ma foi, sans le vin et sans… le mariage, je trouverais la vie assez monotone.

Les dames Paille baissèrent les yeux. Elles buvaient abondamment du vin de Bordeaux supérieur, sans eau ; et leur double veuvage semblait indiquer qu’elles avaient appliqué la même méthode pour leurs maris, la fille ayant vingt-deux ans, et la mère à peine quarante.

Mais Andermatt, si bavard ordinairement, restait taciturne et songeur. Il demanda tout à coup à Gontran :

— Savez-vous où demeurent les Oriol ?

— Oui, on m’a montré leur maison tout à l’heure.

— Pourrez-vous m’y conduire après dîner ?

— Certainement. Cela me fera même plaisir de vous accompagner. Je ne serai point fâché de revoir les deux fillettes.

Et dès que le dîner fut terminé ils s’en allèrent, tandis que Christiane, fatiguée, le marquis et Paul Brétigny montaient au salon pour finir la soirée.

Il faisait encore grand jour, car on dîne tôt dans les stations thermales.

Andermatt prit le bras de son beau-frère.

— Mon cher Gontran, si ce vieux est raisonnable et si l’analyse donne ce qu’espère le docteur Latonne, je vais probablement tenter ici une grosse affaire : une Ville d’Eaux. Je veux lancer une Ville d’Eaux !