Page:Maupassant - Mont-Oriol, 1887.djvu/82

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creuser un trou pour les pierres, eh bien, nous ferons un trou pour Cloviche ; il y pachera une heure chaque matin ; et puis nous verrons, là, nous verrons !…

Le médecin murmura :

— Vous pouvez essayer. Je réponds bien que vous ne réussirez pas.

Mais Andermatt, séduit par l’espérance d’une guérison presque miraculeuse, accueillit avec joie l’idée du paysan ; et ils retournèrent tous les quatre auprès du vagabond toujours immobile au soleil.

Le vieux braconnier, comprenant la ruse, feignit de refuser, résista longtemps, puis se laissa convaincre, à la condition qu’Andermatt lui donnerait deux francs par jour pour l’heure qu’il passerait dans l’eau.

Et l’affaire fut conclue ainsi. Il fut même décidé qu’aussitôt le trou creusé, le père Clovis prendrait son bain ce jour-là même. Andermatt lui fournirait des vêtements pour s’habiller ensuite, et les deux Oriol lui apporteraient une ancienne hutte de berger remisée dans leur cour, où l’infirme s’enfermerait afin de changer de hardes.

Puis le banquier et le médecin retournèrent au village. Ils se séparèrent à l’entrée, celui-ci rentrant chez lui pour ses consultations, et celui-là allant attendre sa femme qui devait venir à l’établissement vers neuf heures et demie.

Elle apparut presque aussitôt. En toilette rose, des pieds à la tête, chapeau rose, ombrelle rose et