Page:Maupassant - Notes d'un démolisseur, paru dans Gil Blas, 17 mai 1882.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dont il est ministre, il s’en va contempler des tableaux. Il tombe naturellement en arrêt devant la peinture de M. Vibert qu’il juge le maître des maîtres ; et comme il a dans sa poche un tas de petits rubans rouges, il en donne un, celui d’officier, à ce peintre que tous les jeunes alors vont s’empresser d’imiter.

Quant à M. Zola, qu’il ne connaît point, on lui a dit que c’était un pornographe. Peut-il, en vérité, décorer un pornographe ?

Quant à M. Barbey d’Aurevilly, qu’il ne connaît pas davantage, on lui a dit que c’était un réactionnaire. Peut-il décorer un réactionnaire ? Non certes ; on l’interpellerait.

Mais, direz-vous, s’il n’y connaît rien, aux arts, ce ministre des arts, que ne demande-t-il des conseils ? — À qui ?… — À ses chefs de bureau. — C’est ce qu’il fait. Mais croyez-vous qu’ils s’en soucient bien, des arts, et qu’ils les possèdent à fond,