émue. Je n’avais qu’à leur tendre la main pour les enlever. J’en aimai plusieurs qui me trahirent. Les autres m’opprimèrent horriblement. Enfin, cette alternative se reproduisait sans cesse pour moi. — Être Joseph et laisser mon manteau — ou bien martyr livré à des lionnes.
Je termine, messieurs.
Regardez Paris de midi à une heure. Voyez ces fillettes en cheveux, ces petites ouvrières deux par deux, errant sur les trottoirs, provocantes, l’œil hardi, prêtes à accepter tout rendez-vous, cherchant de l’amour par les rues.
Ce sont vos clientes.
Sondez leurs cœurs. Écoutez-les causer :
« Oh moi, ma chère, si j’ai la chance de trouver un garçon riche, je te promets qu’il ne me lâchera pas comme Amélie, ou bien gare le vitriol. »
Et quand un brave garçon passe près d’elle, il reçoit en plein visage, en plein cœur ce regard qui veut dire « quand vous voudrez ». Il s’arrête ; la fille est jolie et toute prête ; il cède.
Un mois plus tard, vous injuriez et condamnez ce gredin qui a abandonné la pauvre fille séduite.
Or, lequel est le limier, lequel est le gibier ?
N’oubliez point ceci, messieurs :
L’amour est toute la vie des femmes. Elles jouent avec nous comme les chats avec les souris. La jeune fille cherche le mari le plus avantageux qu’elle pourra trouver.