Page:Maupassant - Petits voyages - En Auvergne, paru dans Gil Blas, 17 juillet 1883.djvu/4

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est aujourd’hui chaque soir. Et les pauvres gens, écœurés et patients, se lèvent, rentrent leurs chaises et vont se coucher, en fermant avec soin leurs fenêtres pour empêcher les haleines de la ville d’empuantir leurs chambres.

Étrange peuple qui fait des révolutions pour un mot dénué de sens, qui condamne, bannit, fusille, massacre des gens parce qu’ils ont à l’âme une opinion, une croyance niaise et inoffensive, et qui se laissent empoisonner sans murmurer par une société de malfaiteurs publics qu’on nomme, je crois, les ingénieurs de la ville.

Mais voilà ceux qu’il faut pendre, bourgeois, aux becs de gaz, autour des bouches d’égout. Faites-les fumer là-dessus, comme on fume dans les cheminées les jambons et les harengs ; passez-les aux vapeurs des fosses comme on parfume au benjoin.

Il vous faut des otages, gens de Belleville et de Montmartre. Cessez donc d’inscrire des innocents sur vos listes ; prenez vos conseillers municipaux, les directeurs