Page:Maupassant - Pierre et Jean, OC, Conard, 1909.djvu/36

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PIERRE ET JEAX, qu’entre hommes ; les femmes vous font em- barquer toujours trop tard. Ses deux fils, Pierre et Jean, qui tenaient, l’un à bâbord, l’autre à tribord, chacun une lig-ne enroulée à l’index, se mirent à rire en même temps et Jean répondit : — ’Tu n’es pas galant pour notre invitée, papa. M. Roland fut confus et s’excusa : — Je vous demande pardon, madame Rosémilly, je suis comme ça. J’invite des dames parce que j’aime me trouver avec elles, et puis, dès que je sens de l’eau sous moi, je ne pense plus qu’au poisson. ]y[me Roland s’était tout à fait réveillée et regardait d’un air attendri le large horizon de falaises et de mer. Elle murmura : — Vous avez cependant fait une belle pêche. Mais son mari remuait la tête pour dire non, tout en jetant un coup d’œil bienveillant sur le panier où le poisson capturé par les trois hommes palpitait vaguement encore, avec un bruit doux d’écailles gluantes et de nageoires soulevées, d’efforts impuissants et mous, et de bâillements dans l’air mortel. Le père Roland saisit la manne entre ses