Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/102

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plus célèbres professeurs, et il les jugeait des ânes. Certes il valait autant qu’eux, sinon mieux. S’il parvenait par un moyen quelconque à capter la clientèle élégante et riche du Havre, il pouvait gagner cent mille francs par an avec facilité. Et il calculait, d’une façon précise, les gains assurés. Le matin il sortirait, il irait chez ses malades. En prenant la moyenne, bien faible, de dix par jour, à vingt francs l’un, cela lui ferait, au minimum, soixante-douze mille francs par an, même soixante-quinze mille, car le chiffre de dix malades était inférieur à la réalisation certaine. Après midi, il recevrait dans son cabinet une autre moyenne de dix visiteurs à dix francs, soit trente-six mille francs. Voilà donc cent vingt mille francs, chiffre rond. Les clients anciens et les amis qu’il irait voir à dix francs et qu’il recevrait à cinq francs feraient peut-être sur ce total une légère diminution compensée par les consultations avec d’autres médecins et par tous les petits bénéfices courants de la profession.

Rien de plus facile que d’arriver là avec de