Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/164

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gler ! Qui ? tout le monde, son père, son frère, le mort, sa mère !

Il s’élança pour rentrer. Qu’allait-il faire ?

Comme il passait devant une tourelle auprès du mât des signaux, le cri strident de la sirène lui partit dans la figure. Sa surprise fut si violente qu’il faillit tomber et recula jusqu’au parapet de granit. Il s’y assit, n’ayant plus de force, brisé par cette commotion.

Le vapeur qui répondit le premier semblait tout proche et se présentait à l’entrée, la marée étant haute.

Pierre se retourna et aperçut son œil rouge, terni de brume. Puis, sous la clarté diffuse des feux électriques du port, une grande ombre noire se dessina entre les deux jetées. Derrière lui, la voix du veilleur, voix enrouée de vieux capitaine en retraite, criait :

— Le nom du navire ?

Et dans le brouillard la voix du pilote debout sur le pont, enrouée aussi, répondit :

Santa-Lucia.

— Le pays ?