Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/188

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— Songe que nous habitons une ville de commerçants, où le bon goût ne court pas les rues.

Pierre répondit :

— Et qu’importe ? Est-ce une raison pour imiter les sots ? Si mes compatriotes sont bêtes ou malhonnêtes, ai-je besoin de suivre leur exemple ? Une femme ne commettra pas une faute pour cette raison que ses voisines ont des amants.

Jean se mit à rire :

— Tu as des arguments par comparaison qui semblent pris dans les maximes d’un moraliste.

Pierre ne répliqua point. Sa mère et son frère recommencèrent à parler d’étoffes et de fauteuils.

Il les regardait comme il avait regardé sa mère, le matin, avant de partir pour Trouville ; il les regardait en étranger qui observe, et il se croyait en effet entré tout à coup dans une famille inconnue.

Son père, surtout, étonnait son œil et sa