Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/227

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— Pour qui dis-tu ça ?

— Pour Jean, parbleu ! C’est très comique de les voir ainsi !

Elle murmura, d’une voix basse, tremblante d’émotion :

— Oh ! Pierre, que tu es cruel ! Cette femme est la droiture même. Ton frère ne pourrait trouver mieux.

Il se mit à rire tout à fait, d’un rire voulu et saccadé :

— Ah ! ah ! ah ! La droiture même ! Toutes les femmes sont la droiture même… et tous leurs maris sont cocus. Ah ! ah ! ah !

Sans répondre elle se leva, descendit vivement la pente de galets, et, au risque de glisser, de tomber dans les trous cachés sous les herbes, de se casser la jambe ou le bras, elle s’en alla, courant presque, marchant à travers les mares, sans voir, tout droit devant elle, vers son autre fils.

En la voyant approcher, Jean lui cria :

— Eh bien ? maman, tu te décides ?

Sans répondre elle lui saisit le bras comme