Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/287

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d’un geste vif et résolu. Et il demanda :

— Le plus tôt possible, n’est-ce pas ?

— Quand vous voudrez.

— Six semaines ?

— Je n’ai pas d’opinion. Qu’en pense ma future belle-mère ?

Mme Roland répondit avec un sourire un peu mélancolique :

— Oh ! moi, je ne pense rien. Je vous remercie seulement d’avoir bien voulu Jean, car vous le rendrez très heureux.

— On fera ce qu’on pourra, maman.

Un peu attendrie, pour la première fois, Mme Rosémilly se leva et, prenant à pleins bras Mme Roland, l’embrassa longtemps comme un enfant ; et sous cette caresse nouvelle une émotion puissante gonfla le cœur malade de la pauvre femme. Elle n’aurait pu dire ce qu’elle éprouvait. C’était triste et doux en même temps. Elle avait perdu un fils, un grand fils, et on lui rendait à la place une fille, une grande fille.

Quand elles se retrouvèrent face à face, sur