Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/298

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— Eh bien ! les affaires vont-elles ?

Elles n’allaient pas, les affaires. La concurrence était terrible, le malade rare et pauvre dans ce quartier travailleur. On n’y pouvait vendre que des médicaments à bon marché ; et les médecins n’y ordonnaient point ces remèdes rares et compliqués sur lesquels on gagne cinq cents pour cent. Le bonhomme conclut :

— Si ça dure encore trois mois comme ça, il faudra fermer boutique. Si je ne comptais pas sur vous, mon bon docteur, je me serais déjà mis à cirer des bottes.

Pierre sentit son cœur se serrer, et il se décida brusquement à porter le coup, puisqu’il le fallait :

— Oh ! moi… moi… je ne pourrai plus vous être d’aucun secours. Je quitte le Havre au commencement du mois prochain.

Marowsko ôta ses lunettes, tant son émotion fut vive :

— Vous… vous… qu’est-ce que vous dites là ?

— Je dis que je m’en vais, mon pauvre ami.