Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/303

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Et il s’assit sur un des bancs du brise-lames pour tâcher de s’engourdir dans une somnolence de brute.

Quand il rentra, le soir, à la maison, sa mère lui dit, sans oser lever les yeux sur lui :

— Il va te falloir un tas d’affaires pour partir, et je suis un peu embarrassée. Je t’ai commandé tantôt ton linge de corps et j’ai passé chez le tailleur pour les habits ; mais n’as-tu besoin de rien autre, de choses que je ne connais pas, peut-être ?

Il ouvrit la bouche pour dire : « Non, de rien. » Mais il songea qu’il lui fallait au moins accepter de quoi se vêtir décemment, et ce fut d’un ton très calme qu’il répondit :

— Je ne sais pas encore, moi ; je m’informerai à la Compagnie.

Il s’informa, et on lui remit la liste des objets indispensables. Sa mère, en la recevant de ses mains, le regarda pour la première fois depuis bien longtemps, et elle avait au fond des yeux l’expression si humble, si douce, si