Aller au contenu

Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il fut désappointé, refroidi, et il douta tout à coup de cette vocation.

Il demanda cependant :

— À quelle heure pourriez-vous partir ?

— Mais… à neuf heures !

— Pas avant ?

— Non, pas avant, c’est déjà très tôt !

Le bonhomme hésitait. Assurément on ne prendrait rien, car si le soleil chauffe, le poisson ne mord plus ; mais les deux frères s’étaient empressés d’arranger la partie, de tout organiser et de tout régler séance tenante.

Donc, le mardi suivant, la Perle avait été jeter l’ancre sous les rochers blancs du cap de la Hève ; et on avait pêché jusqu’à midi, puis sommeillé, puis repêché, sans rien prendre, et le père Roland, comprenant un peu tard que Mme Rosémilly n’aimait et n’appréciait en vérité que la promenade en mer, et voyant que ses lignes ne tressaillaient plus, avait jeté, dans un mouvement d’impatience irraisonnée, un zut énergique qui s’adressait autant à la veuve indifférente qu’aux bêtes insaisissables.