Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/99

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— Ah ! vraiment, je suis bien content.

Alors Marowsko demanda conseil pour baptiser la liqueur nouvelle ; il voulait l’appeler « essence de groseille », ou bien « fine groseille », ou bien « grosélia », ou bien « groséline ».

Pierre n’approuvait aucun de ces noms.

Le vieux eut une idée :

— Ce que vous avez dit tout à l’heure est très bon, très bon : « Joli rubis. »

Le docteur contesta encore la valeur de ce nom, bien qu’il l’eût trouvé, et il conseilla simplement « groseillette », que Marowsko déclara admirable.

Puis ils se turent et demeurèrent assis quelques minutes, sans prononcer un mot, sous l’unique bec de gaz.

Pierre, enfin, presque malgré lui :

— Tiens, il nous est arrivé une chose assez bizarre, ce soir. Un des amis de mon père, en mourant, a laissé sa fortune à mon frère.

Le pharmacien sembla ne pas comprendre tout de suite, mais, après avoir songé, il espéra que le docteur héritait par moitié. Quand la