Page:Maupassant - Politiciennes, paru dans Gil Blas, 10 novembre 1881.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tre où sont analysés, pesés, calculés tous les événements accomplis ou possibles !

Pour prouver sa puissance, elle a fait même un coup de maître. Elle l’a enlevé ; elle l’a enlevé comme jadis les gentilshommes enlevaient au couvent les jeunes filles ; et ils ont disparu, cachés quelque part dans cette Europe qui occupe toutes leurs pensées, qui remplace pour eux l’amour. Qu’ont-ils faits ? Où ont-ils été ? Nul ne le sait au juste. Les reporters fourbus sont revenus à leurs rédactions, sans nouvelles. Les hommes d’État se sont creusé la tête. Le mystère n’a point été percé.

Où vont les amoureux qui s’enfuient ? Toujours vers la patrie poétique, la patrie radieuse de Roméo et de Juliette ! Où pouvaient-ils aller, eux ?

Où ils pouvaient aller ? N’est-ce pas indubitablement vers la nation brumeuse et menaçante, vers la terre aux secrets politiques, aux éternels problèmes, la terre où médite celui qu’on appelle le chancelier de fer !

MAUFRIGNEUSE.