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PROPRIÉTAIRES ET LILAS



Voici la saison où fleurissent les lilas, où les rossignols s’égosillent et où s’épanouissent les propriétaires ruraux. Déjà vers la fin de mars, le propriétaire qui passe à Paris l’hiver se sent inquiet. Il lève le nez dans la rue, hume la brise, consulte les nuages vagabonds, se désespère aux menaces de gelée, jubile aux approches de la pluie, et, du matin au soir, comme le « captif au rivage du Maure qui rêve à la patrie absente », il songe à sa propriété.

Entendons-nous. Je parle du propriétaire suburbain, de cet être particulier en qui la possession d’un carré de sable improductif et d’une sorte de cabane à lapins en plâtre, le long d’une ligne de chemin de fer, fait percer des boutons de ridicule et s’épanouir des fleurs de niaiserie.