Page:Maupassant - Sur l'eau, 1888.djvu/130

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Etait-ce vrai que des choses pareilles arrivaient ? qu’on mourait ainsi ? Et je regardais dans les coins sombres de la chaumière comme si je m’étais attendu à voir, blottie dans un angle obscur, une forme hideuse, innommable, effrayante, celle qui guette la vie des hommes et les tue, les ronge, les écrase, les étrangle ; qui aime le sang rouge, les yeux allumés par la fièvre, les rides et les flétrissures, les cheveux blancs et les décompositions.

Le feu s’éteignait. J’y jetai du bois et je m’y chauffai le dos, tant j’avais froid dans les reins.

Au moins, j’espérais mourir dans une bonne chambre, moi, avec des médecins autour de mon lit, et des remèdes sur les tables !

Et ces femmes étaient restées seules vingt-quatre heures dans cette cabane sans feu ! râlant sur la paille !…

J’entendis soudain le trot d’un cheval et le roulement d’une voiture ; et la garde entra, tranquille, contente d’avoir trouvé de la besogne, sans étonnement devant cette misère.