lité, celle de la foule. Les paniques qui saisissent une armée et ces ouragans d’opinions qui entraînent un peuple entier, et la folie des danses macabres, ne sont-ils pas encore des exemples saisissants de ce même phénomène.
En somme, il n’est pas plus étonnant de voir les individus réunis former un tout que de voir des molécules rapprochées former un corps.
C’est à ce mystère qu’on doit attribuer la morale si spéciale des salles de spectacles et les variations de jugement si bizarres du public des répétitions générales au public des premières et du public des premières à celui des représentations suivantes, et les déplacements d’effets d’un soir à l’autre, et les erreurs de l’opinion qui condamne des œuvres comme Carmen, destinées plus tard à un immense succès.
Ce que j’ai dit des foules doit s’appliquer d’ailleurs à la société tout entière, et celui qui voudrait garder l’intégrité absolue de sa pensée, l’indépendance fière de son jugement, voir la vie, l’humanité et l’univers en observateur libre, au-