Le jour se levait, clair, sur la foule agitée des vagues, et nous regardions tous les trois au large si la bourrasque ne reprenait pas.
Cependant le bateau allait vite, vent arrière et poussé par la mer. Déjà nous nous trouvions par le travers d’Agay, et nous délibérâmes si nous ferions route vers Cannes, en prévision du mauvais temps, ou vers Nice, en passant au large des îles.
Bernard préférait entrer à Cannes ; mais comme la brise ne franchissait pas, je me décidai pour Nice.
Pendant trois heures tout alla bien, quoique le pauvre petit yacht roulât comme un bouchon dans cette houle profonde.
Quiconque n’a pas vu cette mer du large, cette mer de montagnes qui vont d’une course rapide et pesante, séparées par des vallées qui se déplacent de seconde en seconde, comblées et reformées sans cesse, ne devine pas, ne soupçonne pas la force mystérieuse, redoutable, terrifiante et superbe des flots.