Page:Maupassant - Sur l'eau, 1888.djvu/233

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Je pris donc le train de quatre heures pour aller dîner avec mon ami dans la principauté de Monaco.

Je voudrais avoir le loisir de parler longuement de cet État surprenant, moins grand qu’un village de France, mais où l’on trouve un souverain absolu, des évêques, une armée de jésuites et de séminaristes plus nombreuse que celle du Prince, une artillerie dont les canons sont presque rayés, une étiquette plus cérémonieuse que celle de feu Louis XIV, des principes d’autorité plus despotes que ceux de Guillaume de Prusse, joints à une tolérance magnifique pour les vices de l’humanité, dont vivent le souverain, les évêques, les jésuites, les séminaristes, les ministres, l’armée, la magistrature, tout le monde.

Saluons d’ailleurs ce bon roi pacifique qui, sans peur des invasions et des révolutions, règne en paix sur son heureux petit peuple au milieu des cérémonies d’une cour où sont conservées intactes les traditions des quatre révérences,