l’amarre est tendue et qui va, le nez en l’air, le cul dans l’eau, entre deux bourrelets d’écume.
En approchant de l’île Saint-Honorat, nous passons auprès d’un rocher nu, rouge, hérissé comme un porc-épic, tellement rugueux, armé de dents, de pointes et de griffes qu’on peut à peine marcher dessus ; il faut poser le pied dans les creux, entre ses défenses, et avancer avec précaution ; on le nomme Saint-Ferréol.
Un peu de terre venue on ne sait d’où s’est accumulée dans les trous et les fissures de la roche ; et là dedans ont poussé des sortes de lis et de charmants iris bleus, dont la graine semble tombée du ciel.
C’est sur cet écueil bizarre, en pleine mer, que fut enseveli et caché pendant cinq ans le corps de Paganini. L’aventure est digne de la vie de cet artiste génial et macabre, qu’on disait possédé du diable, si étrange d’allures, de corps, de visage, dont le talent surhumain et la maigreur prodigieuse firent un être de légende, une espèce de personnage d’Hoffmann.