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Page:Maupassant - Sur l'eau, 1888.djvu/92

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dans les veines le sang des vieux faunes lascifs et vagabonds, je ne suis plus le frère des hommes, mais le frère de tous les êtres et de toutes les choses !


Le soleil monte sur l’horizon. La brise tombe comme avant-hier, mais le vent d’ouest prévu par Bernard ne se lève pas plus que le vent d’est annoncé par Raymond.

Jusqu’à dix heures, nous flottons immobiles, comme une épave, puis un petit souffle du large nous remet en route, tombe, renaît, semble se moquer de nous, agacer la voile, nous promettre sans cesse la brise qui ne vient pas. Ce n’est rien, l’haleine d’une bouche ou un battement d’éventail ; cela pourtant suffit à ne pas nous laisser en place. Les marsouins, ces clowns de la mer, jouent autour de nous, jaillissent hors de l’eau d’un élan rapide comme s’ils s’envolaient, passent dans l’air plus vifs qu’un éclair, puis plongent et ressortent plus loin.

Vers une heure, comme nous nous trouvions