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SUR L’EAU

que rien ne change, que rien ne passe et que tout lasse.

Faut-il que nous ayons l’esprit lent, fermé et peu exigeant, pour nous contenter de ce qui est. Comment se fait-il que le public du monde n’ait pas encore crié : « Au rideau ! » n’ait pas demandé l’acte suivant avec d’autres êtres que l’homme, d’autres formes, d’autres fêtes, d’autres plantes, d’autres astres, d’autres inventions, d’autres aventures ?

Vraiment, personne n’a donc encore éprouvé la haine du visage humain toujours pareil, la haine des animaux qui semblent des mécaniques vivantes avec leurs instincts invariables transmis dans leur semence du premier de leur race au dernier, la haine des paysages éternellement semblables et la haine des plaisirs jamais renouvelés ?

Consolez-vous, dit-on, dans l’amour de la science et des arts.

Mais on ne voit donc pas que nous sommes toujours emprisonnés en nous-