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Page:Maupassant - Sur l’Eau (édition Marpon et Flammarion), 1888.pdf/93

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SUR L’EAU

ques secondes et disparue presque aussitôt. Rien n’est plus étrange, plus fantastique et plus émouvant que ces apparitions rapides, sur la mer, la nuit. Les pêcheurs et les sabliers ne portent jamais de feux ; on ne les voit donc qu’en les frôlant, et cela vous laisse le serrement de cœur d’une rencontre surnaturelle.

J’entends au loin un sifflement d’oiseau. Il approche, passe et s’éloigne. Que ne puis-je errer comme lui ?

L’aube enfin paraît, lente et douce, sans un nuage, et le jour la suit, un vrai jour d’été.

Raymond affirme que nous aurons vent d’est, Bernard tient toujours pour l’ouest et me conseille de changer d’allure et de marcher, tribord armures sur le Dramont qui se dresse au loin. Je suis aussitôt son avis et, sous la lente poussée d’une brise agonisante, nous nous rapprochons de l’Estérel. La longue côte rouge tombe dans l’eau bleue qu’elle fait