Page:Maupassant - Théâtre, OC, Conard, 1910.djvu/207

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Madame de Sallus.

Je dis que vous êtes à jeun.

M. de Sallus.

Comment ça ?

Madame de Sallus.

Quand on est à jeun on a faim, et quand on a faim, on se décide à manger des choses qu’on n’aimerait point à un autre moment. Je suis le plat, négligé aux jours d’abondance, auquel vous revenez aux jours de disette. Merci.

M. de Sallus.

Je ne vous ai jamais vue ainsi. Vous me faites de la peine autant que vous m’étonnez.

Madame de Sallus.

Tant pis pour nous deux. Si je vous étonne, vous me révoltez. Sachez que je ne suis pas faite pour ce rôle d’intermédiaire.

M. de Sallus, s’approche, lui prend la main et la baise longuement.

Madeleine, je vous jure que je suis devenu amoureux de vous, très fort, pour de vrai, pour tout à fait.

Madame de Sallus.

Il se peut que vous en soyez convaincu. Quelle est donc la femme qui ne veut pas de vous, en ce moment ?