Page:Maupassant - Théâtre, OC, Conard, 1910.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

HISTOIRE
DU VIEUX TEMPS.




Chambre Louis XV. — Grand feu dans la cheminée. — On est en hiver. La vieille marquise est dans son fauteuil, un livre sur les genoux ; elle paraît s’ennuyer.


UN VALET, annonçant.


« Monsieur le comte.»

LA MARQUISE

« Monsieur le comte.»Enfin, cher comte, vous voici ;
Vous pensez donc toujours aux vieux amis, merci
Je vous attendais presque avec inquiétude ;
De vous voir chaque jour on a pris l’habitude ;
Puis, je ne sais pourquoi, je suis triste ce soir.
Venez, auprès du feu allons nous asseoir
Et causer.

Le Comte, s’asseyant, après lui avoir baisé la main.

Et causer.Moi, je suis tout triste aussi, marquise,
Et lorsqu’on se fait vieux, cela démoralise.
Les jeunes ont au cœur cargaison de gaieté ;
Un nuage en leur ciel est bien vite emporté,