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MUSOTTE

Léon.

Mais non, pas Musette, Musotte, avec un O… Musotte à cause de son gentil petit museau… Vous comprenez ? Musotte ! ça dit tout !

Madame de Ronchard, avec mépris.

Oui… la Musotte fin de siècle, c’est encore pire… Mais, enfin, Musotte, ce n’est pas un nom, ça !

Léon.

Aussi n’est-ce qu’un surnom, ma tante, son surnom de modèle… son vrai nom est Henriette Lévêque.


Madame de Ronchard, offusquée.

Lévêque ?…

Léon.

Eh bien ! oui, Lévêque ! qu’est-ce que vous voulez, c’est comme ça, je n’y suis pour rien. Or Henriette Lévêque, ou Musotte si vous préférez, non seulement pendant toute cette liaison a été fidèle à Jean, l’adorant, l’entourant d’un dévouement, d’une tendresse toujours en éveil, mais à l’heure de la rupture, elle a fait preuve d’une force d’âme ! Elle a tout accepté sans reproches, sans récriminations… elle a compris, la pauvre petite, que c’était fini, bien fini… Avec son instinct de femme, elle a senti combien l’amour de Jean pour ma sœur était réel et profond. Elle s’est inclinée, elle a disparu, acceptant non sans résistance la position indépendante que lui créait Jean. Et elle a