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musotte.

Gilberte.

Votre caractère me plaisait. Je vous sentais très loyal : puis vous m’amusiez beaucoup, car vous m’apportiez de l’air artiste qui faisait vivre mes idées. Il faut avouer aussi que mon frère m’avait bien préparé à vous apprécier. Il vous aime beaucoup, Léon.

Jean.

Je sais. Je crois même que c’est lui qui a eu le premier l’idée de ce mariage. (Après un court silence.) Vous rappelez-vous notre retour de Saint-Germain, quand nous avons été dîner au pavillon Henri IV ?

Gilberte.

Je crois bien.

Jean.

Mon oncle et votre tante étaient dans le fond du landau. Vous et moi à reculons, et, dans l’autre voiture, votre père et Léon. Quelle belle nuit d’été ! Vous aviez l’air très froid à mon égard.

Gilberte.

J’étais si troublée !

Jean.

Vous deviez pourtant vous attendre à ce que je vous pose un jour la question que je vous ai posée, car vous ne pouviez plus ignorer que je m’occupais beaucoup de vous et que mon cœur était conquis.