Page:Maupassant - Un drame vrai, paru dans Le Gaulois, 6 août 1882.djvu/2

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


UN DRAME VRAI




Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable.[1]


Je disais l’autre jour, à cette place, que l’école littéraire d’hier se servait, pour ses romans, des aventures ou vérités exceptionnelles rencontrées dans l’existence ; tandis que l’école actuelle, ne se préoccupant que de la vraisemblance, établit une sorte de moyenne, des événements ordinaires.

Voici qu’on me communique toute une histoire, arrivée, paraît-il, et qui semble inventée par quelque romancier populaire ou quelque dramatique en délire.

Elle est, en tout cas, saisissante, bien machinée et fort intéressante en son étrangeté.



Dans une propriété de campagne, mi-ferme et mi-château, vivait une famille possédant une fille courtisée par deux jeunes gens, les deux frères.

Ils appartenaient à une ancienne et bonne maison, et vivaient ensemble en une propriété voisine.

L’aîné fut préféré. Et le cadet, dont un amour tumultueux bouleversait le cœur, devint sombre, rêveur, errant. Il sortait

  1. Célèbre maxime de Boileau (1636-1711).