Page:Maupassant - Va t’asseoir !, paru dans Le Gaulois, 8 septembre 1881.djvu/5

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Et ils vont s’asseoir au milieu de leurs familles abasourdies. Ils rentrent dans leurs foyers à la façon des troupiers réformés pour infirmité quelconque.

Oh ! le misérable député que les électeurs viennent d’envoyer s’asseoir ! Il a l’aspect aplati et navrant d’un ballon crevé, tombé du ciel.

Il lui reste, pour toute consolation, la faculté de faire imprimer sur ses cartes de visite : « M. X…, ex-représentant du peuple. » — Mais il est devenu celui dont on dit avec un sourire : « Vous savez bien, c’est ce pauvre X…, l’ancien député. — Ah ! oui, va t’asseoir. »

Et il me semble les voir, en ce moment, assis par tous les départements de France, ces lamentables Refusés, qui regardent d’un air piteux partir pour Paris leurs rivaux, avec un chapeau neuf et des papiers sous le bras.