Page:Maupassant - Yvette, OC, Conard, 1910.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134
YVETTE.

Clémence attendit encore un peu, puis frappa plus fort en criant :

— Mademoiselle, mademoiselle !

Comme Yvette ne répondait pas, la domestique s’en alla et dit à la marquise :

— Mademoiselle est endormie sans doute ; son verrou est poussé et je ne peux pas la réveiller.

Mme  Obardi murmura :

— Elle ne va pourtant pas rester comme ça ? Tous alors, sur le conseil de Servigny, se réunirent sous la fenêtre de la jeune fille, et hurlèrent en chœur : — Hip — hip — hurra — mam’zelle Yvette !

Leur clameur s’éleva dans la nuit calme, s’envola sous la lune dans l’air transparent, s’en alla sur le pays dormant ; et ils l’entendirent s’éloigner ainsi que fait le bruit d’un train qui fuit.

Comme Yvette ne répondit pas, la marquise prononça :

— Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé ; je commence à avoir peur.

Alors, Servigny, cueillant les roses rouges du gros rosier poussé le long du mur et les boutons pas encore éclos, se mit à les lancer dans la chambre par la fenêtre.