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YVETTE.

qu’une jupe sur sa chemise, il l’enleva dans ses bras, et la porta jusqu’au lit en frémissant, remué par l’odeur de ce corps presque nu, par le contact de cette chair, par la moiteur des seins à peine cachés qu’il faisait fléchir sous sa bouche.

Lorsqu’elle fut couchée, il se releva fort pâle.

— Elle va revenir à elle, dit-il, ce n’est rien.

Car il l’avait entendue respirer d’une façon continue et régulière. Mais, apercevant tous les hommes, les yeux fixés sur Yvette étendue en son lit, une irritation jalouse le fit tressaillir, et s’avançant vers eux :

— Messieurs, nous sommes beaucoup trop dans cette chambre ; veuillez nous laisser seuls, M. Saval et moi, avec la marquise.

Il parlait d’un ton sec et plein d’autorité. Les autres s’en allèrent aussitôt.

Mme  Obardi avait saisi son amant à pleins bras, et, la tête levée vers lui, elle lui criait :

— Sauvez-la… Oh ! sauvez-la !…

Mais Servigny, s’étant retourné, vit une lettre sur la table. IL la saisit d’un mouvement rapide et lut l’adresse. Il comprit et pensa : « Peut-être ne faut-il pas que la marquise ait