Page:Maupassant - Yvette, OC, Conard, 1910.djvu/220

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2o8 PROMENADE.

Cent pas plus loin, une autre femme l'abordait :

— Voulez-vous vous asseoir un moment près de moi, mon joli garçon?

II lui dit :

— Pourquoi faites- vous ce métier-là? Elle se planta devant lui, et la voix chan- gée, rauque, méchante :

— Nom de Dieu, ce n'est toujours pas pour mon plaisir.

II insista d'une voix douce :

— Alors, qu'est-ce qui vous pousse? Elle o-rocrna :

o o

- — Faut bien qu'on vive, c'te malice.

Et elle s'en alla en chantonnant.

M. Leras demeurait eflParé. D'autres femmes passaient près de lui, l'appelaient, l'invitaient.

II lui semblait que quelque chose de noir s'étendait sur sa tête, quelque chose de na- vrant.

Et il s'assit de nouveau sur un banc. Les voitures couraient toujours.

— J'aurais mieux fait de ne pas venir ici, pensa-t-il, me voilà tout chose, tout dérangé.

Il se mit à penser à tout cet amour, vénal ou passionné, à tous ces baisers, payés ou libres, qui défilaient devant lui.