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YVETTE.

fois que je l’aperçois, je ne le nie point. Donc je l’aime, mais drôlement. Je la désire avec violence, et l’idée d’en faire ma femme me semblerait une folie, une stupidité, une monstruosité. J’ai un peu peur d’elle aussi, une peur d’oiseau sur qui plane un épervier. Et je suis jaloux d’elle encore, jaloux de tout ce que j’ignore dans ce cœur incompréhensible. Et je me demande toujours : « Est-ce une gamine charmante ou une abominable coquine ? » Elle dit des choses à faire frémir une armée ; mais les perroquets aussi. Elle est parfois impudente ou impudique à me faire croire à sa candeur immaculée, et parfois naïve, d’une naïveté invraisemblable, à me faire douter qu’elle ait jamais été chaste. Elle me provoque, m’excite comme une courtisane et se garde en même temps comme une vierge. Elle paraît m’aimer et se moque de moi ; elle s’affiche en public comme si elle était ma maîtresse et me traite dans l’intimité comme si j’étais son frère ou son valet.

Parfois je m’imagine qu’elle a autant d’amants que sa mère. Parfois je me figure qu’elle ne soupçonne rien de la vie, mais rien, entends-tu ?

C’est d’ailleurs une liseuse de romans en-