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MISTI.

de peine au bout d’un an. Je voulais le garder chez moi et le nourrir, mais il n’a pas consenti. On eût dit qu’il m’haïssait depuis la chose.

« Quant à Mouton, il s’était cassé les reins dans la tombée. Le concierge avait ramassé le corps. Moi je l’ai fait empailler, attendu que je me sentais tout de même de l’attachement pour lui. S’il avait fait ça, c’est qu’il m’aimait, pas vrai ? »

La vieille se tut, et caressa de la main la bête inanimée dont la carcasse trembla sur son squelette de fil de fer.

Emma, le cœur serré, avait oublié la mort prédite. Ou, du moins, elle n’en parla plus ; et elle partit ayant donné cinq francs.

Comme son mari revenait le lendemain, je fus quelques jours sans aller chez elle.

Quand j’y revins, je m’étonnai de ne plus apercevoir Misti. Je demandai où il était.

Elle rougit et répondit :

— Je l’ai donné. Je n’étais pas tranquille. Je fus surpris.

— Pas tranquille ? Pas tranquille ? À quel sujet ?