Page:Maupassant - Yvette, OC, Conard, 1910.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
YVETTE.

que les principaux : du prince Kravalow ?

À ce nom, Yvette se réveilla :

— Mon pauvre Muscade, y songez-vous ! Mais le prince a l’air d’un Russe de musée de cire, qui aurait obtenu des médailles dans des concours de coiffure.

— Bon. Supprimons le prince ; vous avez donc distingué le vicomte Pierre de Belvigne.

Cette fois, elle se mit à rire et demanda :

— Me voyez-vous pendue au cou de Raisiné (elle le baptisait, selon les jours. Raisiné, Malvoisie, Argenteuil, car elle donnait des surnoms à tout le monde) et lui murmurer dans le nez : Mon cher petit Pierre, ou mon divin Pedro, mon adoré Piétri, mon mignon Pierrot, donne ta bonne grosse tête de toutou à ta chère petite femme qui veut l’embrasser ?

Servigny annonça :

— Enlevez le Deux. Reste le chevalier Valréali, que la marquise semble favoriser.

Yvette retrouva toute sa joie :

— Larme-à-l’Œil ? mais il est pleureur à la Madeleine. Il suit les enterrements de première classe. Je me crois morte toutes les fois qu’il me regarde.

— Et de trois. Alors vous avez eu le coup de foudre pour le baron Saval, ici présent.