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YVETTE.

Il répondit :

— À votre service, mam’zelle.

Elle courut prendre son chapeau.

La marquise haussa les épaules en soupirant :

— Elle est folle, vraiment.

Puis elle tendit avec une paresse, une fatigue dans son geste amoureux et las, sa belle main pâle au baron qui la baisa lentement.

Yvette et Servigny partirent. Ils suivirent d’abord la rive, passèrent le pont, entrèrent dans l’île, puis s’assirent sur la berge, du côté du bras rapide, sous les saules, car il était trop tôt encore pour aller à la Grenouillère.

La jeune fille aussitôt tira un livre de sa poche et dit en riant :

— Muscade, vous allez me faire la lecture.

Et elle lui tendit le volume.

Il eut un mouvement de fuite.

— Moi, mam’zelle ? mais je ne sais pas lire !

Elle reprit avec gravité :

— Allons, pas d’excuses, pas de raisons. Vous me faites encore l’effet d’un joli soupirant, vous ? Tout pour rien, n’est-ce pas ? C’est votre devise ?